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Des Branches
10 novembre 2020

Inculpés de 1848

Je ne lis pas tous mes messages généalogiques tout de suite, j'attends parfois longtemps pour ouvrir les lettres d'information de Geneanet notamment. Et la semaine dernière, j'ai regardé une annonce sur le travail de bases de données de Jean-Claude Farcy sur les inculpés de 1848.

Cette base de données rassemble les informations nominatives disponibles sur les 11 662 inculpés jugés par 8 commissions militaires à la suite de l'insurrection parisienne de Juin 1848.

Nous sommes à Paris, à l'époque où Louis Stanislas y vivait, je tape donc Pfeiffer dans le moteur de recherche.

Et là... Emotionnelle surprise,  apparaissent son nom et celui de sa mère...

La base de données est issue de l'étude des dossiers des personnes inculpées d'être des insurgés des journées de juin 1848, aujourdhui conservés par le Service Historique de la Défense (SHD).

Plutôt que de vous paraphraser une mise en contexte, voici celle du SHD dans l'inventaire de la SOUS-SÉRIE 6 J COMMISSIONS MILITAIRES D’ENQUÊTE JUIN 1848 par Marie-Paule BOUVIER, Officier-greffier de 2e classe, sous la direction de Samuel GIBIAT, Archiviste paléographe, Conservateur au Service historique de l’armée de Terre Château de Vincennes, 2003.

"L’insurrection de 1848, bref rappel historique :


Le 23 février 1848, la crise politique se transforme en révolution (fusillade du boulevard des Capucines). Louis Philippe abdique au profit du comte de Paris ; un gouvernement provisoire est alors constitué avec des républicains modérés de février à décembre 1848 (10 mois). Ces derniers parviendront à un accord avec les radicaux : le gouvernement s’engage à proclamer la République et prend pour secrétaires les chefs de la tendance libérale (Louis BLANC). Ce gouvernement doit faire face à d’innombrables délégations qui viennent plaider la cause de l’égalité, de la liberté, de l’humanité. La peine de mort est abolie ainsi que l’esclavage et la censure. Le clergé se tient aux avant-postes de la révolution. 

Les élections du 23 avril 1848 donnent la victoire aux républicains modérés du gouvernement provisoire et infligent une sévère défaite aux candidats de la gauche républicaine ou socialiste.

Du 23 au 26 juin 1848 l’on assiste à une terrible et atroce bataille de rues due au licenciement des ouvriers (la commission exécutive a, en effet, arrêté le 21 juin que les ouvriers âgés de 17 à 25 ans seront enrôlés dans l’armée et que les autres seront envoyés travailler sur des chantiers en province). Le 24 juin les insurgés ont fortifié leurs positions. L’assemblée décrète l’état de siège et accorde les pleins pouvoirs au général CAVAIGNAC, ministre de la guerre. 

Le 26 juin 1848, 4000 insurgés sont morts, 1600 soldats ou gardes ont été tués ; 1500 insurgés ont été raflés et abattus sans jugement ; 11 000 insurgés sont arrêtés et entassés dans des prisons de fortune.

Les chefs de l’insurrection seront déférés devant les conseils de guerre. La peine prononcée à leur encontre sera celle de la déportation commuée en 15 ans de transportation en Guyane. S’ils ont fait preuve de repentir, la peine sera commuée en internement en Algérie ou en résidence surveillée de haute police en France.

Les autres insurgés seront faits prisonniers et transportés, avec femmes et enfants, s’ils le souhaitent, en Algérie. Sur 10 722 prévenus maintenus en arrestation, 6374 seront relâchés et 4348 seront transportés sans jugement en Algérie."

Donc parmi tous les événements qui se sont succédés dans la capitale au 19e siècle, mes sosas se sont retrouvés au coeur de celui-ci, et pas forcément en position avantageuse.

 

Prisonniers des journées de juin

 

Insurgés faits prisonniers lors de la répression des Journées de Juin à Paris (1848).

Pfeiffer – Marie Anne Jeanne Bertrand apparaît la première.

La base de données, nous explique le site des inculpés des insurrections de juin 1848, est "constituée à partir du dépouillement des archives sérielles conservées aux Archives nationales, au Service historique de la Défense et aux Archives départementales du Morbihan, elle renseigne, dans les limites inhérentes aux documents utilisés, sur les arrestations, les décisions des commissions militaires, les séjours sur les pontons de l'Ouest et à la maison de détention de Belle-Ile, les transportations effectives en Algérie.
Elle permet également d'interroger la composition de la population parisienne inculpée quant à l'activité professionnelle, l'âge, l'origine géographique et le domicile." 

Les informations personnelles retenues par l'étude me confirment que c'est elle puisqu'elle est née à Saint-Pierre-sur-Dives, Calvados et est âgée de 44 ans.

Son adresse est à Paris 3 rue des Amandiers dans le quartier Popincourt du 8e arrondissement et la profession indiquée n'est pas celle de crémière, mais de laitière.

Marie a vu son dossier instruit par la deuxième commission qui a pris la décision de la remettre en liberté le 9 août 1848. Elle a donc a priori été emprisonnée un mois et demi.

Ces informations sont issues du Service historique de la Défense. Son numéro de dossier personnel est le 9516 à la côte : 6 J 131   

Puis vient le nom de son fils Pfeiffer, dit Lefebvre – Louis Stanislas. Surprise encore, je n'avais jamais eu d'informations sur le surnom de Lefebvre. Il est âgé de 17 ans, cela colle, né à Paris et réside à la même adresse que sa mère. Il est fondeur de profession (d'où le Lefèbvre, le forgeron ?). Il passe devant la quatrième commission qui le libère également mais le 21 septembre, trois mois après les journées insurecctionnelles.

Pour lui deux numéros de dossiers personnels sont indiqués : 12536 et 12537 avec la côte : 6 J 182.

Devinez qui a hâte de se faire des frayeurs en lisant ces dossiers ?

La Deuxième République a commencé dans des circonstances bien particulières pour Louis et sa mère, mais ils lui ont survécu.

    

Sources :

Service historique de la Défense

http://inculpes-juin-1848.fr/index.php

 

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