Et oui avec le centenaire difficile de passer à côté.
Mais avec l'ouverture des sources sur la toile, je viens d'étayer les parcours de mes ancêtres qui ont fait cette guerre. Je n 'ai pu discuter avec aucun d'entre eux. Mais à ceux qu'ils ont connus, ligne directe ou collatéraux, ils n'ont pas parlé de cette guerre qu'ils ont faite.
Ils ont eu a chance de revenir ceux qui ont vu décembre 1918, certains ont été décorés, ils ne s'en sont pas vantés.
Longtemps j'ai lu ou entendu que les hommes étaient partis la fleur au fusil, pensant revenir vite, qu'ils étaient très, trop ? patriotes, trop confiants. En relisant les documents, en lisant certains témoignages, je me suis fait une autre idée sur ces hommes, qui reste une intuition.
Ils sont partis faire leur devoir... Résignés, ou volontaires, ils ont fait ce qu'ils avaient à faire, parce qu'ils n'avaient pas le choix. Obligation légale ou morale, ils n'avaient pas le choix.
Comme pour tout sujet il ne peut y avoir de généralité, chaque homme, chaque femme a réagi différemment mais je devine quand même des grandes lignes. Les gens de cette époque étaient courageux de nature, parce que la vie était loin d'être facile.
Voilà comment je les perçois : ils devaient partir, ils se sont donnés du moral, du coeur à l'ouvrage, ils ont essayé de se convaincre, à la façon de Monsieur Coué que cela ne durerait pas longemps, ils ont donné à leur proche l'image de l'homme sans peur à qui il ne pouvait rien arriver. Dans les tranchées, avec la peur, ils ont pensé à ceux derrière, ils ont haï peut-être celui d'en face, pour pouvoir le tuer sans être tué.
Ils n'ont rien choisi, ils ont subi, ils ont eu peur, ont eu du courage... Le plus beau, le seul étant justement de vaincre sa peur. Certains ont été médaillés, tous ont vu mourir des copains... Ils ont fait leur devoir, ils pouvaient pour la plupart être fiers, mais j'ai j'ai ce sentiment que peu ont été bravaches en revenant. Heureux de revenir, mais pas à chercher la gloriole.
Ils n'ont pas voulu cette guerre, ils n'ont pas voulu la faire comme cela, et s'ils peuvent être fiers de leur devoir, ils n'ont pas du l'être d'avoir tué. Vainqueurs ils n'ont pas eu à subir d'humiliation, mais n'ont pas gardé chevillé au corps cette haine de l'ennemi juste nécessaire à leur survie. La plus grande fierté c'est d'être resté des hommes, de reprendre la charrue et de refaire son cidre et de se vanter de ce que l'on construit, pas de ce que l'on a détruit pour protéger les siens.
Ils ont été braves, ils se sont tus, ils n'ont pas du aimer ce qu'ils ont fait... Ils ont été décorés, leurs petits enfants ne le savaient pas. Le plus grand courage est de faire son devoir envers les siens en silence voilà ce que m'ont appris ces hommes.
A ceux qui sont morts, à ceux qui sont revenus, à celles et ceux qui les ont accompagnés ou sont restés dans les familles, compassion et respect...
Retour des tranchées : [photographie de presse] / Agence Meurissee :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9043702k